L'autopsie a démontré que
Maitre Clary, le notaire de
Grenoble
retrouvé dans le Rhône n'est pas mort noyé.
* * *
L’atmosphère glauque gluait.
Les pavés luisants regorgeaient d’une crasse propre à
vous dégoûter.
La nuit, bien nocturne à présent, finirait-elle
? Et le jour s’en relèverait-il ?
Toute l’affaire défilait dans sa mémoire.
Dès le début, c’est peu dire qu’il avait eu du mal à
trouver l’affaire Clary nette. Comment avait-il pu passer à côté de tels
indices, pourtant si évidents, si …élémentaires.
Imaginez un peu.
En plein Festival International du Pain au Noix de
Grenoble, il s’était retrouvé, lui, le grand Charles Loquosme, le célèbre
commissaire surnommé « l’infaillible » à faire équipe avec Marc Yoneth, le
gentil policier bête manipulé par Karl Hage (le chef facho qui veut des
résultats). Coincé. Et voilà qu’il s’était vautré dans les grandes largeurs.
Mauvais départ déjà, avec la découverte de corps en
cascade.
Le premier mort après Clary, Théo Fondutrou, retrouvé
dans un fossé, avait obstinément refusé de répondre à ses questions. Il avait
fallu se rabattre sur les interrogatoires de routine, les enquêtes de
voisinage.
Jaime Trenez le passant 1, par ailleurs espagnol,
n’avait rien compris. Mais c’était un génie à côté de Rod Walker, le passant 2.
Et mieux vaut oublier Luce Tucru, l’épouse d’un témoin pas fiable dont il avait
oublié le nom. Ah, si, Marc Chinchose, ça lui revenait.
Bref, rien de concret, et bien sûr, grande
incertitude.
Avant un coup de théâtre, la découverte d’un 2e corps,
sans tête cette fois-ci, Guy Headless.
Cela correspondait et l’avait immédiatement mis sur la
piste d’un tueur en série.
Le lien ?
Ben tiens, il manquait toujours quelque chose : car
maître Clary, retrouvé dans le Rhône et pas dans l’Isère, une écrevisse dans la
narine droite et, important, pas mort noyé, avait été retrouvé sans son maillot
de bain.
Là encore, même difficulté pour l’interrogatoire,
pratiqué cette fois-ci stratégiquement par Oscar Paccio, le légiste.
Mutique, Headless ne lâchait rien. Surprenant qu’un
mec sans tête s’entête. Ah, il méritait des baffes celui-là.
Tout ceci ne pouvait pas être une coïncidence et, peu
à peu, la théorie d’un complot politique émergea.Et le b-a ba reprit ses droits
par a + b.
Les interrogatoires de routine, les enquêtes de
voisinage, les interrogatoires d’enquête, les voisinages de routine… De fonte
en comble.
Charles Mars, un gauchiste bien connu, fut placé en
garde à vue, sans résultat.
Le voisinage, de nouveau… Les passants 3 et 4, Igor et
Grishka Bogdanoff, par ailleurs festivaliers, furent incapables de témoigner
clairement avant qu’on s’aperçoive qu’ils n’avaient rien vu. Le même constat
s’imposa pour Whitney Blind, le témoin aveugle. Par ailleurs réfugié.
Mais le comble de la confusion fut atteint avec Alain
Vendu, un témoin payé pour faux témoignage, qui ne révéla rien mais confirma
par défaut la thèse du complot.
L’explication de textes et de gravures qui s’ensuivit
dans le bureau d’Edmond Cucédupoulé, l’enfoiré des RG, qui avait tout monté,
fut mémorable.
"On repart à zéro".
Tels furent les mots de Karl Hage. "Et on bosse
ensemble".
Charles Loquosme et Marc Hyonet s’y collèrent. A fond
de train.
Lénine 2, le chien du gauchiste fut passé à la
moulinette. Il ne fallait négliger aucune piste. On l’enterra derrière les
bureaux.
Roger Delile, un musicien louche au sang impur,
n’apporta rien de plus, malgré les tests AD-haine.Même la fausse coupable,
Manon Cépahel, s’en sortit in extremis (mais à contrecœur) en avouant que le
jour du meurtre elle aidait son amant (un plâtrier) à faire disparaître la tête
du mort dans la chaux vive. Ce qu’on appelle un alibi en béton.
Et puis… Les choses se tassèrent pendant de longues
semaines.
Impasse. Enquête qui piétine, qui patine.
Charles Loquosme oubliait les morts en reprenant goût
à la vie. Il passait du bon temps avec Ella De Belmich, le bon coup super canon
de l’enquêteur dans les polars.
Il en oubliait qu’il n’avait toujours pas retrouvé le
maillot de bain du notaire quand, nouveau coup de théâtre, un certain Eddy
Cépassinié adressa une lettre anonyme à la police.
Malheureusement, insaisissable, introuvable, on ne put
l’interroger.
(D’ailleurs, Eddy, si tu nous lis…)
Eddy indiquait que les morts étaient reliées.
Charles fit fouiller toutes les imprimeries, en vain.
Mais cela permit la troisième macabre découverte :
Lucas Davre, le corps au fond du lac. Et c’est à ce moment que la thèse du
tueur en série refit surface.
Branle-bas de combat, les enquêteurs et les fins
limiers allèrent sur les lieux du crime.
On allait voir ce qu’on allait voir, même de
nuit.
Il était grand temps de se montrer ingénieux à
Grenoble.
Davre resta impénétrable sous le feu nourri de leurs
questions, mais ça …ils avaient l’habitude.
Ils interrogèrent les cendres dans la cheminée, Sam
Brull, avec force soufflets. Motus.
Chez un vétérinaire, ils recoupèrent une piste et
dénichèrent Médor 1, le chien du passant 2, par ailleurs festivalier, qui ne
desserra point les dents. Bouche cousue.
Ils poursuivirent le quadrillage et Roger De Monaco,
un faux prince, fut même inquiété - sur dénonciation - au casino voisin, mais
sans suite, même s’il avait tellement les jetons qu’il révéla tout de son
trafic de fausses princesses venues de l’Est.
Enfin, l’humiliation ultime survint quand le coupable,
Serge Yalkiller, fut interrogé, mais tint bon, et fut relâché malgré les
preuves qu'il apporta et l'ensemble de ses aveux détaillés.
On est toujours trop bon, et personne ne vous croit,
pas vrai Serge ?
Quelle leçon amère.
- Décidément, une enquête à oublier bien vite, pensa
Loquosme.
C’est excellent mais quel était le mobile ? Un auto-mobile ? Un mobile home ?
RépondreSupprimerCela remontait à une génération, un papa mobile.
SupprimerAh, ces tests ADHaine, sont remis à l'ordre du jour en France ;) Ces coups de théâtre et ces personnages étonnants posent problème à une lectrice comme moi dont le cerveau est encore en phase apprentissage. Si Charles Loquosme oublie les morts, moi j'oublie les mots ;)
RépondreSupprimerGhislaine, je vous envoie le docteur Watson ;-)
SupprimerJe voudrais apporter trois précisions :
RépondreSupprimer1) Malgré son interrogatoire serré, Routine n'a pas parlé
2) Roger de Monaco a été ainsi surnommé par deux habitués du bar où il est serveur et qui consomment exclusivement de la bière additionnée de grenadine
3) Le mobile est à chercher évidemment chez Calder
Espérant avoir contribué, etc.
Anonyme by La Taulière
Il me semble que le mystère s'épaissit...
Supprimer;-)
... Et j'ai ri comme une vieille baleine désaccordée !
RépondreSupprimerTaulière bis
Excellent et cela fait tant de bien de rire de bon coeur !
RépondreSupprimerNe t'en prive surtout pas ! Surtout qu'on me murmure qu'un épisode 2... mais chut !!!
Supprimer