HF ou FH

L'histoire :
Mardi dernier, atelier d'écriture. Nous étions un groupe de 12. Collecte de mots, un puis deux ou trois, que nous écrivons sur un tableau. Tableau plein, quelques improvisations orales, une chacun... Et puis feuille(s) de papier, stylo, écrire...
Ecrire le flot, en prélevant le matériau au tableau.  Après cela, sélectionner, puis organiser son écrit sur une feuille de couleur pliée en trois.
Recto-verso, 6 faces.
1 face couverture, 3 faces ou pages texte, 1 face "résumé" ou 4e de couverture, 1 face "Biographie de l'auteur" ... Et se nicher, plus ou moins, jouer ou pas avec les contraintes...

Ce qui donne :

 




Les temps qui



Par les temps qui courent,
On aimerait qu’ils trottinent
Se gardent d’accélérer
Comme pour se carapater
Particules empoussiérées secouées
En partance pour cavaler

Par les temps qui courent
On verrait d’un drôle d’œil
Que les secondes prennent leurs jambes
À l’heure coup d’horloge
Et courent les rues
Comme les dératés pour finir premiers

Par les temps qui courent,
Si les aiguilles des montres piquent un cent mètre
Qu’elles le rendent
On comprendrait mal
Qu’un vent violent fende l’air
Et se propage vif comme une rumeur

Par les temps qui courent,
Non le temps qui passe
Va déjà bon train
Il se rue dans l’étang dans les champs 
Il piétine la sieste des vaches
Charente et Poitou qui s’ébrouent 

Par les temps qui courent,
Que le quart d’heure qui vient
Prenne son temps
Qu’il ne presse pas le pas
Et les chronomètres pourront marquer
Un temps d’arrêt

Par les temps qui courent,
Que le calendrier qui file se défile
D’une maille à l’envers sans maille à partir,
Cotte rouillant le cliquetis du réveil 
Et que les minuteurs en prennent
De la graine de papillon

Par les temps qui courent,
C’est pas le moment de se précipiter 
Comme des détraqués
Que les cadrans solaires n’en prennent pas ombrage
Et planquez les horloges atomiques
De toute manière, on sera à l’heure

Par les temps qui courent,
Partons à pied pour gambader légers dans le frais serpolet
Plutôt tracer sans trisser quelques instants profonds
S’élancer résolument dans la lenteur dilatée
L’avenir est de sable
Brins à cueillir grain à grain

Un certain 7 mai



Le 7 mai 2016 nous étions loin de penser au suivant ... Et pour cause.




TETE  EN L’AIR

Une déambulation aéronautique 

ou...

un rêve éveillé














 


    I. En bas

Départ de Paris
Trajet en voiture jusqu’à l’aérodrome
Des musiques me traversent le Spirit
of St-Louis
Higelin de Paris /New-York New-York/ Paris
A son aéroplane blindé
Et c’est bon signe
Bashung se prend pour le vent
Il nous souffle
Qu’à l’arrière des berlines
Ça trépigne
Mais…

Redescendons sur terre


Nous entrons hangar
Le Plessis Belleville
Le grand oiseau va sortir


(Penser à prendre des photos)

C’est tranquille
il fait beau les amis
Ça va marcher, obligé
On n’a pas de plan B
Juste un biplan, mais lequel !



Faut chausser casque et lunettes
Nous enfilons nos vêtements
Coupe vent
Et nos visages d’enfant

On s’installe ça va partir c’est sûr
Bouclez-là
Ceinture !
Plus question de faire arrière
Machine


Moral ? Beau fixe !
Un tourbillon sonore
tourne rond
L’hélice est lancée
belle invention de visages pâles
L’aéroplane roule
Quitte  le sol, c’est l’envol




C’est parti pour le grand Icare
Une trajectoire, boucle,
Imprimée à jamais
dans la cire de notre mémoire


II. Là haut


En suspension
Vous voyez le tableau


On entend le chant des tournesols
C’est pas du Marcel Pagnol
Qui était je crois
Le Van Gogh du colza
Un peintre sourd 
(on ne voit pas très bien de là)
Ah… c’est jaune,
Et ça ne sait pas
Colza nostra !


A Montagny Sainte Félicité
Plantée dans le milieu plein champ 
On repère l’église 
Comment la manquer flèche dressée

Après, c’est Ferme du Moulin
Baron
Le vent peut être de travers
La journée est d’aplomb
La machine file droit
Ailes à belle allure
Et le pilote
Des atouts plein le manche
Nous faisons le plein d’air
Avec les yeux
Douces sensations intenses
Le survol des champs
En un angle nouveau
Nous peuple la mémoire


Au château de Montépiloy
La joie nous met en joue
Le spectacle de la muraille
Pantelante démantelée
qui par on ne sait quel bout
tient debout…  
Alentour les plans d’eau
sonnent comme des plaques de verre irisées
arrosées de lumière
Ermenonville
se présente
Une fontaine magique
niche non loin de là
en bas


mais la blanche mer de sable
reste vague
Et Jean-Jacques Rousseau
est un nom d’oiseau 

Je pense allez savoir pourquoi
… dans l’Oise ?
à la Loire
ses châteaux et ses rois,
la vallée me revient
Aujourd'hui, que reste-t-il
À ce Dauphin si gentil
De tout son beau royaume ?
Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme,
Vendôme
.
C’est l’enfance de l’air
C’est l’oeil  émerveillé
De l’enfant réveillé
Qui murmure la comptine

De ce jour-là restera 
Ermenonville
Le Plessis Belleville
Montagny Sainte Félicité
Montépiloy,
Montépiloy...

Je ne redescends pas
Je reste passager
Longtemps après

Les paroles s’en vont
J’écris le reste.





Ecrit à Nantes, 
Mars 2017
En souvenir du 7 mai 2016 avec M . et J . 


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    Mise à jour  après une pause de trois mois, un nouveau blog  TEXTURES a démarré le 18 mai 2022. Ici.