Dernières suppositions avant dispersion


Notre DUO vous propose un ultime épisode 
avec une histoire de "spectacle et de méditation substantielle
que nous devons à Jacques Jouet, 
chaque acolyte publiant le texte de son comparse
et une histoire de "partir sur l'instant
une idée avancée par la Taulière 
qui prend tout son sens aujourd'hui
et que nous prenons au mot, finalement,
chacun publiant chez soi.
Nos quatre textes sont donc répartis deux à deux 
vous en avez la moitié sur cette page 
et pour compléter, allez donc voir, c'est   

Merci  de l'accueil que vous nous avez réservé 
au fil de vos messages !


* * * 
J'ai le plaisir et l'honneur de laisser d'abord 
la plume à La Taulière,  qui nous offre un texte... 
magnifique.  Que c'est beau ! 
Merci Acolyte !

***
« À supposer qu’on me demande ici quel est le spectacle du monde qui serait capable de me plonger un temps dans une méditation calme et substantielle… »
Le démarreur est dû à Jacques Jouet, inventeur de la forme « à supposer », dont on peut découvrir quelques poèmes ici : http://www.editions-nous.com/pdf/jouet_a_supposer.pdf
(Jacques Jouet, Editions NOUS - Antiphilosophique Collection, 2007



*** 
Je prends la main avec partir sur l'instant....



A supposer qu’on me propose de partir sur l’instant
je me dirais qu’il y a partir et partir, 
que spontanément ça mérite d’être étudié, 
car après tout on serait sans doute quelques-uns à le faire, à se poser la question, 
mais je resterais prudent sur « partir »,
j’en éviterais soigneusement le côté définitif quant à ma présence sur la planète, 
au moins pour un temps car je ne maîtrise rien, 
et je n’exclurais pas à défaut de la privilégier l’idée d’un aller simple, sans retour, 
ce qui est sans doute le plus réaliste quand on connaît la fiabilité de la SNCF,
à supposer bien sûr que ce soit le mode de transport disponible, 
adéquat et finalement choisi, pour un trajet nullement allégorique où je resterais en vie, 
voyez-vous, ce qui m’arrangerait, histoire de profiter un peu, 
de plus je m’interrogerais sur quelques clichés, 
le « tout plaquer » qui peut me sembler faussement attractif 
à moins que ce soit de façon transitoire, 
ou encore l’idée d’aventure au coin de la rue, même s’il faut un coin, 
j’envisagerais très certainement en pensant à une époque reculée ou future, 
à une planète lointaine ou un coin inconnu sur Terre, 
la possibilité d’un voyage dans le temps ou dans l’espace, 
ce qui avec un peu de chance et de courbure pourrait revenir au même
(enfin, quand je dis revenir je me comprends), 
je songerais aussi sérieusement à partir accompagné (et là j’ai une idée, mais c’est privé), 
même si selon la personne et la destination, 
et surtout avec l’option retour ou pas, cela pourrait changer la donne,
imaginez que je décide de me muer en « bienfaiteur » 
pour débarrasser l’humanité de quelqu’un de peu recommandable 
(n’envoyez pas les noms, c’est juste une supposition) 
même si ça resterait à vérifier,  car rien au bout compte ne garantirait 
que j’accepte une telle mission sanitaire, 
à moins que, 
chaussant mes bottes mentales 
pour arpenter mon terrain de jeu favori et extensible à l’infini, 
à savoir l’imaginaire 
-cette magnifique destination ouverte aux possibilités innombrables- 
je ne finisse par me dire 
que « L’instant » est le nom de mon voilier, 
sur lequel, rugissant, 
je partirais voguer…

Converser

La conversation ne commençait jamais tout de suite,
ni d'une façon précipitée.
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Personne ne se hâtait de poser une question,
aussi important cela fût-il,
et personne ne se hâtait de répondre.
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La politesse exigeait que l'on se laisse le temps
de réfléchir avant et pendant la conversation.
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Chez le Dakota, le silence avait un sens
et le fait qu'il accorde un espace de silence à l'orateur
et se réserve son propre moment de silence avant de parler 
respectait la pratique d'une véritable politesse
et la règle selon laquelle "la pensée naît avant la parole".
.


Luther Standing Bear (1868?-1939), Chef Sioux Oglala

Flash info

    Mise à jour  après une pause de trois mois, un nouveau blog  TEXTURES a démarré le 18 mai 2022. Ici.