Gardons le cap, réglons nos boussoles, préférons et préservons le sens, comme une direction dont nous ne dévierons pas.
Pour la nouvelle année, je vous rappelle qu’il s’agit de 2022, car tout passe si vite, j’ai choisi deux textes que j'ai grand plaisir à partager.
Très bonne année à tous.
1.
SOUHAIT
Les mots sont contagieux
apprends donc les plus utiles
et transmets-les comme ta part de liberté
Si le soleil est exposé aux pleurs
rentre-le chez toi sans fracas.
2.
Les statuts de l’homme
A Carlos Heitor Cony
Article 1.
Il est décrété que maintenant la vérité existe,
que maintenant la vie existe
et que la main dans la main
nous travaillerons tous pour la vraie vie.
Article 2.
Il est décrété que tous les jours de la semaine,
y compris les mardis les plus gris,
ont le droit de devenir des matins de dimanche.
Article 3.
Il est décrété qu’à partir de cet instant,
il y aura des tournesols à toutes les fenêtres
et que les tournesols auront le droit
de s’ouvrir dans l’ombre,
et que les fenêtres doivent rester, toute la journée,
ouvertes sur le vert ou grandit l’espérance.
Article 4.
Il est décrété que l’homme
n’aura plus jamais à
douter de l’homme
Que l’homme fera confiance à l’homme
comme le palmier fait confiance au vent,
comme le vent fait confiance à l’air,
et comme l’air fait confiance au champ bleu du ciel.
Paragraphe
unique :
L’homme fera confiance à l’homme
comme l’enfant fait confiance à un autre enfant.
Article 5.
Il est décrété que les hommes
sont libérés du joug du mensonge.
Qu’ils n’auront plus jamais besoin
de la cuirasse du silence
ni de l’armure des mots.
L’homme se mettra à table,
le regard limpide
parce que la vérité sera servie
avant le dessert.
Article 6.
Est instauré pour dix siècles
le rêve du prophète Isaïe, réalisé :
le loup et l’agneau paîtront ensemble
et ce qu’ils mangeront aura le même goût d’aurore.
Article 7.
Par décret irrévocable est instauré
le royaume permanent de la justice et de la clarté
et la joie sera un drapeau généreux
qui pour toujours flottera dans l’âme du peuple.
Article 8.
II est décrété que la plus grande douleur
a toujours été et sera toujours
de ne pas pouvoir donner son amour à qui l’on aime
parce que c’est l’eau
qui donne à la plante le miracle de la fleur.
Article 9.
II est permis que le pain de chaque jour
ait pour l’homme la marque de la sueur.
Mais qu’il ait surtout, et toujours,
la chaude saveur de la tendresse.
Article 10.
Est permis à n’importe qui,
à n’importe quelle heure de la vie,
le port du costume blanc.
Article 11.
Il est décrété, par définition,
que l’homme est un animal qui aime,
et c’est pour cela qu’il est beau,
beaucoup plus beau que l’étoile du matin.
Article 12.
Nous décrétons que rien ne sera ni obligatoire ni interdit.
Tout sera permis.
Et surtout de jouer avec les rhinocéros
et de se promener par un bel après-midi
avec un immense bégonia à la boutonnière.
Paragraphe
unique :
Il n’y a qu’une chose qui soit interdite :
faire l’amour sans amour.
Article 13.
Il est décrété que l’argent
ne pourra plus jamais acheter
le soleil des matins à venir.
Banni du grand coffre de la peur,
l’argent se transformera en une épée fraternelle
qui défendra le droit de chanter
et la fête du jour qui est arrivé.
Article
final.
Est interdit l’usage du mot liberté,
lequel sera supprimé des dictionnaires
et du marécage trompeur des bouches.
A partir de cet instant
la liberté sera quelque chose de vivant et transparent ;
comme un feu, comme un fleuve,
ou comme la semence du blé,
et sa demeure sera toujours
le coeur de l’homme.