Indéfini

 
Il prend racine, 
Tu donnes lieu, 
Je laisse du temps, 
Il gagne sa place, 
Nous ne perdons pas notre âme   

Tu prends soin

Tu donnes la main 
Tu laisses la parole 
Tu gagnes en confiance 
Tu ne perds pas le fil 
 
Je prends au mot
Tu donnes le tournis 
Je laisse dire   
Tu gagnes le large 
Nous perdons pied

Nous prenons l’air 
Tu donnes le la 
Je laisse aller 
Tu gagnes la rive 
A perdre haleine

Tu prends la porte
Tu donnes le change 
Tu laisses en plan 
Tu gagnes du terrain 
Tu ne perds pas le cap   

Je prends le train
Tu donnes un gage 
Je laisse un signe 
Tu gagnes de peu
On ne perd rien de vue 

Impasse

  

Il se réveilla une nouvelle fois.

Juste là, maintenant…  Oui, que faisait-il là ?

Tout ça parce qu’il avait parlé de mettre la clé sous la porte, ce qui n’est pas si facile, si l’on examine bien la situation.

Cette maudite clé, plutôt sous un porte-malheur alors ? 
Non plus.
Certes, dans sa pénombre, il se rappelait vaguement des histoires de portes, un truc qui doit être ouvert ou fermé, c’est ça, une porte doit être toute verte ou fermée, ouverte ou bleue, bleue comme quoi déjà ? 
Bleue ?   
- Facile, c’est la peur, sois à ce que tu penses !

La porte ! La ferme !

 
Plutôt crever, rien ne le faisait flipper plus qu’une porte entrouverte, non rien, il s'attendait toujours à voir débouler la moitié de tous les abus.
Et puis, en toute indignation, une porte entrouverte, c’est une demi-mesure, à la limite de la confusion : tu fais comment en suivant ton manuel d’espion page 26 pour y écouter tranquillement le chant des termites ?
Car ça, personne n’en parle jamais ! Déjà que les murs ont des oreilles. On se sent assez peu en sécurité finalement. 
Et pas soutenu.

Dans sa bulle, sa possible geôle (car il faisait si sombre), il était retenu.

Par qui ? Pourquoi ? Par quels porte-flingues ? Oh, que ne l’avaient-ils pas mis à la porte ? 
Son séjour se prolongeait, sans carte, et il avait perdu la notion du temps. 
Fini le fameux midi à sa porte. 
Et plus que son cœur, les portes battaient en lui, cadence infernale, obsession, et il se déplaçait par la pensée, un véritable porte-à-porte mental qui -espérait-il- le conduirait à la porte de secours, celle où l’on crie en urgence « y a quelqu’un ? »

… enfin pas trop fort sinon ils vont te repérer.

Présentement, il se sentait coincé derrière une porte de frigo, il claquait des dents autant qu’une porte mal fermée soumise aux courants d’air et cette idée paradoxalement le remplissait d’espoir, à défaut d’enfoncer des portes ouvertes : n’est pas ainsi qu’un passage se crée ?

Lui l’espion qui ne venait et n’allait plus nulle part, qui végétait derrière sa porte de bois, ce qu’il se promettait sans détour, ce qu’il voulait le plus au monde était de balayer devant sa porte.

Juste de l’autre côté. 
 
Dehors ?

 

 

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    Mise à jour  après une pause de trois mois, un nouveau blog  TEXTURES a démarré le 18 mai 2022. Ici.