"Oups… je crois
bien avoir tué le Père Noël !"
Racontez-nous
en prose ou en vers,
cette
bévue, ce cauchemar ou cette funeste réalité…
* * *
Se prélassant
sur sa chaise-longue, les orteils en éventail, Charles rêvassait vaguement au
bord de la mer en sirotant tranquillement un cocktail éminemment exotique et
passablement alcoolisé.
C’était inéluctable. Prévisible.
C’était arrivé pendant les vacances de Charles Loquosme, le célèbre limier
toujours surnommé l’infaillible malgré des résultats mitigés dans l’affaire du
notaire.
Karl Hage, le chef qui voulait toujours plus que
jamais des résultats avait confié l’enquête à Marc Hyoneth avec le renfort de
Guy Gnol.
Comme cela il avait deux pantins à manipuler. Et surtout pas Loquosme dans
les pattes.
Car malheureusement pour la bonne marche du monde, les affaires sordides
continuaient… et là, ça tombait plutôt mal.
Désolation.
Tragique événement.
Alors que les confiseurs se profilaient et
s’organisaient pour une trêve bienvenue, et ô combien attendue, Prosper Noël
(célèbre monte en l’air florissant en houppelande rouge) flottait, sans vie… la
tête dans sa hotte. Ce coup-ci l’affaire était dans le lac. Les premiers
constats mirent en évidence que le cadavre était mort.
Et tué.
Misère. Fin décembre, et la fête alors ? On en fait quoi ?
Les conséquences avaient été terribles.
Le grand saut avait été accompli par Elie Minet (le suicidé) qui n’avait pu
supporter à son tour le spectacle atroce des malheurs du monde. Cette vision de Prosper trucidé l’avait
renvoyé à son impuissance à changer cela, et aussi la panne de sa batterie de
son téléphone portable et ce n’est pas Xavier Pavumirza (le chien abandonné)
dernier être vivant d’une tristesse insondable qu’il avait rencontré qui avait
pu le faire changer d’avis, ni de vie ni de mort.
Réaction en chaîne ? Apprenant
la nouvelle, Henri Pludutou (l’ami du suicidé) s’était réfugié chez Stanley
Gzistepa (la solitude). Comme
quoi...
Tout près de là, sur le lac, les pensées de Roman
Deuhérot (le héros romanesque) filaient et clapotaient sur cette drôle de vie,
ce drôle de monde… Témoin lui aussi de la scène tragique qu’il n’avait pu
empêcher, car il ne savait ni nager ni vivre ni mourir.
Il cessa de manœuvrer les avirons pour réfléchir.
Roman avait récemment accepté la proposition de Jean
Sérien (le journaliste intègre) d’un reportage sur les bas de plafond dans les
bas-fonds. Le marché – de Noël, période oblige – prévoyait qu’il lui faudrait
tout dire. C’était le contrat.
Et le contraste avec ces réjouissances sur commande
qui mettaient tant de choses entre parenthèses.
Sans angélisme bien sûr.
Interrogé, il apportait maintenant un témoignage édifiant à Mario et Guy.
Avec les pauvres, les démunis, les déshérités, il y
avait un marché, une jungle et c’est là qu’on repérait Jean Brigade (la bête à
bon dieu) qui avait réussi à monter une petite équipe de bras cassés qui tenait
le quartier avec Anna Fabête.com/cépié (l’illettrée cul de jatte), Debra Cébien
(la manchote gauchère) et Lino Cent (l’idiot du village vacances).
L’ambiance sur fond de crise restait électrique. Le quatuor était parfois
accueilli fraîchement si ce n’est refoulé par quelques irréductibles et
réfractaires comme Petra Plegic (l’infirme), Emma Mercébaré (l’orpheline), son
ami Aimé Paransonpala (l’enfant seul) ou encore Cory Za (l’allergique).
Paranoïa galopante, on soupçonnait en sous-main Dalaï Félagueul (le
bouddhiste boudeur - …quand lama pas content…) et Tarik Urgent (le fils du
facteur) de jouer les corbeaux dans ces histoires.
La semaine précédente, une dispute houleuse avec Ric
Art (le fils de l’alcoolique), Oscar Ton (le sdf ruiné), et Jean Petiquiflambe
(le nain grand brûlé) s'était transformée en rixe.
Par-dessus tout, Aurore Scope (l’enfonceuse de fausses
portes) avait jeté de l’huile sur le feu avec ses prédictions prévisibles,
leurres du crime, visions que ne partageait certes pas Yves-Adam Lemur
(l’aveugle qui boîte).
Cet emballement avait eu lieu le jour où le grand chapiteau du cirque
HULERE avait été installé pour son unique représentation, le soir même.
On croisait alentour quelques spécimens qu’on aurait
pu croire sortis du Musée des Erreurs, ne sachant pas encore qu’ils faisaient
partie des attractions : Cary Wolf (le loup édenté) d’un naturel joyeux riait
en permanence de toutes ses... rien du tout, Terry Gide (le fils du cadavre) ne
bougeait pas un cil et Farida Nimal (l’éleveuse de vaches de cirque) répétait
son numéro de jonglage avec Esther Nument junior (la naine enrhumée) sous l’œil
admiratif d’Inès Endouce (la mère des orphelins) qui était d’ailleurs enceinte
– et c’était récent- de Marc Onteuze (la tache de naissance).
-
Ça sent la piste à plein nez, dit Mario. Guy, on y va.
Et Roman (notre héros) remâchait tout cela dans sa barque. Au risque de prendre froid.
Bien sûr, comme disait Beethoven, chacun mène sa vie comme il l’entend...
Mais... Était-ce « la faute à pas de chance » comme
disaient José Papleuret, Jean Bavetoultan et Seb Adebol, le maire réélu qui
n’avait pas compris qu’il valait mieux ne pas se représenter pour éviter ça.
Dans cette enquête, Charles Loquosme absent, on
faillit oublier la déduction, l’intuition géniale en comptant trop sur les
« à moins que, sauf si », sur « une opportunité, un concours de
circonstances, un état de grâce, une heureuse conjonction, une belle coïncidence ».
En clair ? Un coup de bol monumental. On faillit faillir.
Se prélassant
sur sa chaise-longue, les orteils en éventail, Charles rêvassait vaguement au
bord de la mer en sirotant tranquillement un cocktail éminemment exotique et
passablement alcoolisé.
Il se ressaisit et redressa le journal puis il se redressa et saisit son journal
Un article attira d’emblée son attention.
Il disait en quelques mots que les enquêteurs, Nette et Gnol qui n‘étaient
pas nommés, avaient recoupé un témoignage (celui de Bianca Pastologica une
ardente psychopathe italienne sorte de Fourniret transalpine dont le nom
revenait régulièrement dans les affaires de disparition, et qui n’était pas
nommée).
Ils avaient déboulé à la prison centrale.
Et là.
…
Horreur, sur le mur de sa cellule, Serge Yalkiller -qui avait été
finalement jugé et condamné - avait tracé ce message glaçant :