L'homme rapaillé - Liminaire
J'ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant
il y a longtemps que je ne m'étais pas revu
me voici en moi comme un homme dans une maison
qui s'est faite en son absence
je te salue, silence
je ne suis pas revenu pour revenir
je suis arrivé à ce qui commence
J'ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant
il y a longtemps que je ne m'étais pas revu
me voici en moi comme un homme dans une maison
qui s'est faite en son absence
je te salue, silence
je ne suis pas revenu pour revenir
je suis arrivé à ce qui commence
Gaston Miron (L'Homme Rapaillé, Montréal, l'Hexagone, 1994)
Dans les lointains de ma rencontre des hommes
le cœur serré comme les maisons d’Europe
avec les maigres mots frileux de mes héritages
avec la pauvreté natale de ma pensée rocheuse
j’avance en poésie comme un cheval de trait
tel celui-là de jadis dans les labours de fond
qui avait l’oreille dressée à se saisir réel
les frais matins d’été dans les mondes brumeux
le cœur serré comme les maisons d’Europe
avec les maigres mots frileux de mes héritages
avec la pauvreté natale de ma pensée rocheuse
j’avance en poésie comme un cheval de trait
tel celui-là de jadis dans les labours de fond
qui avait l’oreille dressée à se saisir réel
les frais matins d’été dans les mondes brumeux
(Gaston Miron, « J’avance en poésie », in L'homme Rapaillé)
Des mots qui me parlent, pour la première citation. Je cale à la ligne 7. Arrivée à ce qui commence.
RépondreSupprimerElle est superbe cette ligne 7.
SupprimerPlacée à la fin pour parler d'un début.
Et son paradoxal message, son décalage ont tout pour me plaire !
Poète inconnu pour moi. J'aime beaucoup le premier qui a résonné comme un gong aux harmoniques étranges et familières...
RépondreSupprimerJe suis toujours surpris que Gaston Miron, un des plus grands poètes du Québec, ne soit pas plus connu... Une question de rencontre en fait...
SupprimerPas mal ce Miron ! Nette préférence pour le 2e poème. Des mots secs et nets, rugueux et en même temps pleins de l'air du large. Merci Mr K pour la découverte :)
RépondreSupprimerLa Taulière
OUI !
SupprimerLa deuxième partie de ce poème est magnifique d'images.
Sec et rugueux, je partage.
Très évocateur.
Les naseaux du cheval je les vois.
Et peut-être même suis-je un peu cheval aussi...
Se sentir parfois étranger à soi-même, trouver des mots pour apprivoiser sa frilosité et celle des mondes brumeux. J'aime beaucoup ces deux textes.
RépondreSupprimerMerci cher christw !
SupprimerJ'ai découvert ce poète et ce recueil en ... 1981 ! Je possède un exemplaire de l'édition de cette année-là auquel je tiens énormément.
Je ne connais pas cet auteur mais j'aime son style et particulièrement le dernier quatrain!
RépondreSupprimer"Je suis né ton fils par en haut là-bas dans les vieilles montagnes râpées du nord..."... Gaston Miron 1928-1996 dont les ancêtres furent coureurs des bois, rappeurs, défricheurs et paysans au nord de Montréal ; en partie, ceci explique cela...Un style appuyé sur la langue orale, rêche et rugueuse, et d'une grande générosité.
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