Walt Whitman
Chanson de la piste ouverte , page 187
Extrait de Feuilles d’herbe,1856
Les cahiers rouges, Grasset
Pied sûr, cœur léger, j’attaque la piste ouverte,
Suis libre , en bonne santé, le monde est devant moi,
La longue piste brune s’étire où je veux qu’elle me conduise.
A partir d’aujourd’hui je n’attends plus la bonne fortune:
La bonne fortune c’est moi!
J’ai fini de me plaindre,
j’ai fini de tergiverser, j’ai fini
D’avoir besoin de ceci ou de cela,
Terminé le petit monde des récriminations, des bibliothèques,
des critiques chagrines,
Sans faiblesse ni grief, j’avance à découvert sur la piste.
Pour moi la terre me suffit,
Pourquoi voudrais-je les constellations moins éloignées?
Elles sont où elles doivent être, j’en suis sûr,
Conviennent à ceux qui les habitent.
(sur terre, donc! Épaules chargées du délicieux fardeau,
La vieille charge d’hommes et de femmes qui partout
m’accompagnent,
Impensable, je le jure,, pour moi, de m’en débarrasser,
Empli d’eux comme je suis et qui à mon tour les comblerai !)