Et nous commençons, avec une implacable logique, par les deux premières questions.
NB: ce billet est publié en parallèle sur les deux blogs.
D'abord l'invitée, La Taulière
1. Ça
vous fait pas peur d’embarquer dans un projet avec un complice aussi dangereux ?
(elle rit). Vu tous les gens dangereux que j’ai
fréquentés, si j’avais eu peur d’embarquer dans un projet avec eux, je n’aurais
pas fait grand-chose ! Je n’ai pas fait grand-chose, d’ailleurs… Vous
savez, en affaires, lorsqu’on s’associe avec quelqu’un qu’on évalue, disons,
sur un curseur de 1 à 10 en termes de dangerosité, vers 9,9999… Eh bien on
prend quelques assurances. – Non, je ne dirai pas lesquelles, sinon ce ne seraient
plus des assurances, n’est-ce pas ? (rires). Après, s’embarquer… en
août 66 je me suis trouvée en Corse dans une crique, sur une vedette de la
gendarmerie, quand on s’est fait canarder depuis la montagne en face (*), alors
faut relativiser. Quand vous avez entendu le « dzouiiiinnnng » des
balles sur une coque de bateau ou quand vous avez vu en face l’orifice du canon
d’une arme chargée… Comme on dit, « cette
anecdote me semble significative, mais je ne sais pas exactement de
quoi. » (Perec, Penser/Classer,
Hachette, Paris 1985).
Et puis, Mr K c’est pas tout à fait un inconnu. Je le lis depuis quelques années, je suis son blog régulièrement, j’ai pu prendre la dimension du bonhomme… J’y vais donc en confiance. Et, si je peux me permettre, à travers cette interview, de lui faire passer un message : pour monter à bord, Mr K, sachez que je porterai soit des bretelles soit une ceinture, soit une bouée canard… mais pas les trois.
Et puis, Mr K c’est pas tout à fait un inconnu. Je le lis depuis quelques années, je suis son blog régulièrement, j’ai pu prendre la dimension du bonhomme… J’y vais donc en confiance. Et, si je peux me permettre, à travers cette interview, de lui faire passer un message : pour monter à bord, Mr K, sachez que je porterai soit des bretelles soit une ceinture, soit une bouée canard… mais pas les trois.
(*)
Cette anecdote-ci est rigoureusement authentique.
2. Vous
avez parfois recours à la contrainte oulipienne.
Diriez-vous qu’elle est
assimilable à une méthode de contention utilisée dans les asiles d’aliénés du
19e siècle, ou à une technique de pointe en liposuccion ?
Tout
ensemble ! Je renvoie le lectorat à la Conférence « Pour en finir
avec le jugement de Dieu », d’Antonin Artaud, https://www.youtube.com/watch?v=EXy7lsGNZ5A
dont je recommande l’écoute, en particulier les minutes 26 à 30 « lorsqu’on
me presse et qu’on me pressure jusqu’au départ en moi de la nourriture (…) on
m’a pressé jusqu’à la suffocation en moi de l’idée de corps » etc. On
est fondé à se demander si l’OuLiPo n’y était pas tout de même pour
quelque chose, si l’on écoute bien le cri du conférencier à la minute 28.
Bien
que, lipogrammatiquement parlant, on puisse adhérer à la posture artaudienne.
x x x
Quand K s’y colle ….
1-Ça ne vous fait pas peur
d’embarquer dans un projet avec un complice aussi dangereux ?
Ah bon, il y a une
barque, maintenant ?
Je me demande si je ne vais pas réfléchir un peu,
finalement.
2-Vous
avez souvent recours à la contrainte oulipienne.
Diriez-vous qu’elle est
assimilable à une méthode de contention utilisée dans les asiles d’aliénés du
19e siècle, ou à une technique de pointe en liposuccion ?
Ne
connaissant qu’assez peu la liposuccion, qui ne figure pas dans mes centres
d’intérêt les plus immédiats et, à titre personnel corporel, pas du tout, je
pencherai plutôt pour une méthode en cours dans les asiles d’aliénés, en une
version modernisée, c’est-à-dire sournoise et furtive, quasi-kafkaïenne ou
désertartaresque, si ce n’est quatrevingtquatrienne, dans le sens où l’on n’est
pas forcément conscient de l’asile, de qui est vraiment dedans ou dehors, au
point que le dedans pourrait être dehors, il suffit de trouver la porte, mais y
en-t-il une, est-ce vraiment une porte et n’a-t-elle pas été montée à l’envers,
simple exemple de l’absurdité relative qui nous empoigne régulièrement.
Ce qui me fait dire volontiers que la contrainte
oulipienne n’est peut-être qu’une belle métaphore, une allégorie ludique dans
cette affaire absurde et paradoxale où la liberté nait de la contrainte, se
construit, et peut-être parfois se mérite… Si l’on ajoute à un niveau
superficiel et spontané que contrainte, ça rime avec complainte, en tant que
rat oulipien dans mon labyrinthe, je ne vais donc certainement pas me plaindre.
x x x
Et maintenant, place au suspense, la troisième et dernière question, ce sera samedi !
C'est rien chouette, cette double publication, savez-vous Mr K ? Il me faut ici vous remercier d'en avoir eu l'idée (et, par filiation, le duo de PresqueVoix). Et maintenant, "la nave va"...
RépondreSupprimerOui ! Et je sens qu'on va peaufiner l'affaire peu à peu.
SupprimerDu coup on n'a plus qu'à trouver une idée pour le 15 octobre pour que ça fasse boum ;-)
ET d'ailleurs les contributions de nos abonnés sont les bienvenues !