VII.
Son costume de Superman en matériau
synthétique pour une pénétration maximale dans l'air n'éveilla pas l'attention.
Il entendit un bruit de trompette dans
une rue voisine. Était-ce Miles Davis ?
Il s'y rendit et vit une foule, appelée aussi populace, qui
entourait des officiers à casques pointus.
Et c'était Dizzy Gillespie.
Cadet comprit qu'on venait d'annoncer
l'exécution prochaine de deux princes étrangers coupables de haute trahison. Une
semaine plus tard, la rue s'étant vidée depuis longtemps, il tenait pour
certain à 82 % qu'il s'agissait de ses cons de frères.
Il sortit alors de sa poche une
enveloppe (qu'il tenait du renard, je viens de l'inventer).
Il la déchira. Il lut la lettre et l’avala
immédiatement.
C'était une procédure d'attaque contre
les dragons. En effet, dans une conversation restée jusqu'ici secrète dans ce
conte haletant de suspense, le renard avait indiqué à Cadet 001 que ses aînés
étaient sans doute emprisonnés et gardés par des dragons.
Il lui avait donc remis une enveloppe
à ouvrir en cas d 'urgence.
La consigne était simple :
Pour attaquer des dragons, procéder
comme suit :
1. De 0 à 3
dragons, imiter le cri de la sirène de 0 à 3 pompiers.
2. De 4 à 6
dragons, imiter le cri de la sirène de 4 à 6 pompiers.
3. De 7 à 10
dragons, imiter le cri de la sirène de 7 à 10 pompiers et le cri de la lance à
incendie par temps de pluie.
4. Pour plus de
10 dragons, immolez-vous par le feu.
Deux mois plus tard, après un stage
éprouvant à la caserne de pompiers, Cadet 001 partait à l'attaque de la
prison.
Effrayer les dragons par ce procédé
habile fut un enfantillage de potache au berceau nourri au biberon. Il délivra
donc ses frères sans imaginer une seconde ce qu'il devait aux lenteurs
administratives et leur demanda :
-Est-ce que par hasard éventuellement
d'ailleurs que le merle blanc vous avez entendu parler de lui que vous par
renseignement d'information où est-ce qu'il est-il à quel endroit qu'il se
trouve en ce moment que ?
Pour
toute réponse, Aîné 001 et Aîné 002 privilégièrent la communication non verbale
en lui balançant sans concertation une bonne paire de claques, moitié par
habitude, moitié par énervement, moitié par défoulement.
Déçu, Cadet 001 leur demanda néanmoins
de l'attendre à la ville pendant qu'il irait chercher le Merle Blanc. Ce fut
accepté, avec une petite restriction, les aînés ayant décidé de changer de
ville et proposé aimablement à Cadet 001 de lui garder son sac d'or.
Cadet était maintenant prêt à
poursuivre sa mission.
VIII. Cette séquence
transformationnelle lui paraissait délicate, surtout qu'il avait complètement
oublié de réviser son tableau des actants avant de partir.
Ne sachant trop que faire, il décida
de faire un sondage sur lui-même, sur une personne prise au hasard, mais
représentative de sa population.
A la question « Où est le Merle Blanc
? » 100 % de la personne interrogée osait répondre « OUI ».
Cadet 001 se sentit plus fort et il
appela immédiatement le renard. Après 17 essais car il avait oublié
partiellement la formule d'appel, le renard apparut en voiture roulante.
- Que me veux-tu ? dit le handicapé.
-
Où se trouve le Merle Blanc ? répondit Cadet 001.
- Petit, baise la bague. Tu dois retourner à la prison. Deux cellules plus loin que celles de tes cons de frères, tu trouveras celui que tu cherches, Petit.
- Petit, baise la bague. Tu dois retourner à la prison. Deux cellules plus loin que celles de tes cons de frères, tu trouveras celui que tu cherches, Petit.
Et le renard disparut en trente-huit
clins d'œil sur les chapeaux de roue, ce qui ne fut pas suffisant hélas pour
que Cadet songe à le remercier, préoccupé qu'il était à bien comprendre le sens
du message, tout troublé qu'il avait été en réalité quand le renard l'avait
appelé Petit alors que son nom c'était Cadet. (C'est vrai quoi !).
Ceci dit, le décodage accompli, il
remercia le renard, et lui promit de lui payer des pneus neufs.
IX.
En fin de journée, sans anicroche, le
Merle Blanc était en sa possession.
C'était un oiseau gigantesque dont les
ailes brillaient comme vous savez, c’est quel nom déjà, le truc jaune qu'on
voit dans le ciel quand il ne pleut pas.
Le merle parla ainsi, car il parlait ainsi,
ce qui ne choqua pas Cadet.
-Je suis à tes ordres mais avant tu
dois passer une épreuve qui me donnera définitivement à toi si tu la réussis.
-J'accepte
que oui c'est d'accord ça marche, répondit Cadet, pour une fois assez bref.
-Rapporte-moi la preuve que tu es bien celui que tu prétends être et qui prétend avoir fait fait ce qu'il prétend avoir fait en moins d’une heure.
-Rapporte-moi la preuve que tu es bien celui que tu prétends être et qui prétend avoir fait fait ce qu'il prétend avoir fait en moins d’une heure.
Cadet se mit en chasse, reniflant,
explorant et il rapporta la preuve. Il venait de passer 46 minutes intenses à reconstituer les passeports des dragons en fouillant dans les cendres de leurs cellules.
Le Merle Blanc lui paya un coup à la taverne Ducoin.
Quelque temps après, LMB fit son
entrée à la cour, Cadet chopa la couronne – c’était sa pointure - et le Roi put
enfin rajeunir.
F I N
La fin des fins? Est-ce que c'est si bien sûr que ça paraît-il ? On aurait bien pris du 4 sur 3
RépondreSupprimerpour ce conte de l'absurde avec trompette que Boris Vian n'aurait pas renié !
On est quitte de ce conte avec pourquoi on fait les bons amis ...
4 sur 3 pourquoi pas, mais c'est le risque de surdose qu'il m'a fallu éviter !
SupprimerIl faut suivre......:-)
RépondreSupprimerEt ne pas se faire pincer pendant la filature !
SupprimerMr K, Mr K... Vous aurez sans doute lâché le frein dans la descente !! Ca va trop soudain que plus vite à se mêler de finir alors que quand même on aurait cru que non !
RépondreSupprimerEn foi de quoi vous s'riez bien inspiré d'écrire un genre de suite. Car, lorsque le public s'attache au héros, il est triste de renvoyer celui-ci dans ses foyers couler pépère une royauté sans histoire, le 43 dans les charentaises et la couronne de travers. J'ai dit.
Chère Taulière,
Supprimerje comprends bien ce que je perçois comme une petite frustration,
mais cette fin, volontairement rapide, presque lapidaire, sans frein à main comme vous le dîtes, se veut un clin d’œil aux stéréotypes qui encombrent ces fins de récits, un peu comme :
"Ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux".
Ou comment expédier toute une vie plus vite qu'un colissimo !
;-)
Que sont devenus les ainés 1 & 2 ? Ils ont gardé l'or ?
RépondreSupprimerIl y a de quoi faire une guerre de succession, là.
En fait un rebondissement les fait réapparaître, ils volent le merle blanc au petit dernier, s'attribuent le mérite de sa capture
SupprimerVoici la version originale :
… le jeune prince s’en alla rejoindre le château de son père. Avant d’y arriver, il se vêtit d’un habit de garçon de ferme, se teignit le visage et vint demander au roi son père, qui ne le reconnut pas sous ses habits d’emprunt, de lui donner la garde du merle blanc que ses frères avaient rapporté comme leur conquête. Il fut accepté.
Il apprit alors que le merle blanc avait déclaré au roi qu’il ne le rajeunirait pas si on ne lui amenait pas celui qui l’avait conquis sur les deux dragons. Les deux princes avaient dit à leur père que c’était eux -mêmes qui avaient pris la bête, et que c’était pour se venger que le merle blanc disait que ce n’était pas eux qui l’avaient pris.
Dès que le jeune prince fut entré dans la salle où se trouvait le merle blanc, il vit l’oiseau s’abaisser et lui commander de monter sur son cou, ce qu’il fit. Une seconde après, tous deux étaient dans la salle du roi à qui ils racontèrent les supercheries des deux princes. Outré de colère, le roi fit dresser deux bûchers dans la cour du palais, y fit lier ses deux fils aînés et les fit brûler vifs.
Puis il prit la couronne et la donna au jeune prince.
Un instant après, le vieux roi était redevenu jeune, grâce au fameux merle blanc
Je n'ai pas utilisé cette partie car je voulais rester dans une adaptation digne et vraisemblable, sans une once de grotesque ou d'improbable. L'autre qui se déguise, non mais .... N'importe quoi ;-)
SupprimerEt puis, interprétation possible, on peut considérer, puisqu'on ne les revoit pas, qu'ils sont allés se finir dans les tavernes de tous les bleds de la contrée à épuiser leur sac d'or. Je concède que c'est faire l'impasse un peu vite sur leur ambition de régner qui pourrait bien ressurgir...
Seront-ils un jour en état pour ça ?
;-)
Vous tordes agréablement le cou aux idées reçues sur le conte, mais tout de même, le conte est bon ;)
RépondreSupprimerTordons, tordons !
SupprimerÊtre en état, señor K, est-ce bien raisonnable?
RépondreSupprimerAprès ce conte à imprimer et glisser dans les vœux de Joyeux An, qui le serait?
On va attendre un tout petit peu pour le nouvel an.
SupprimerJe mettrai un peu de musique en attendant...
Et qui plus est ce conte est tordant !! Sorry, Mr K, si j'ai semblé frustrée. Après tout, seul l'auteur.e sait quand doit s'imprimer le mot fin, et on est patron.ne de son texte et de son rythme, pas vrai ? De plus, votre conte drolatique m'a donné l'idée de lire celui de Musset https://fr.wikisource.org/wiki/Nouvelles_et_Contes_(Musset)/Histoire_d%E2%80%99un_merle_blanc qui n'est pas mal non plus ! Double merci donc :)
RépondreSupprimerLa Taulière
Ce que j'ai commis en est le pur décalque avec décalages incorporés !
SupprimerDécalque décalé du merle blanc version .ca, certes ! Il semble que ce volatile soit moins rare qu'on ne le dit, car la version Musset (lien wikisource donné plus haut) est totalement différente mais non moins drôle - dans un autre genre !
SupprimerLa Taulière
Finalement un merle blanc aussi connu que le loup de sa couleur !
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