Impasse

  

Il se réveilla une nouvelle fois.

Juste là, maintenant…  Oui, que faisait-il là ?

Tout ça parce qu’il avait parlé de mettre la clé sous la porte, ce qui n’est pas si facile, si l’on examine bien la situation.

Cette maudite clé, plutôt sous un porte-malheur alors ? 
Non plus.
Certes, dans sa pénombre, il se rappelait vaguement des histoires de portes, un truc qui doit être ouvert ou fermé, c’est ça, une porte doit être toute verte ou fermée, ouverte ou bleue, bleue comme quoi déjà ? 
Bleue ?   
- Facile, c’est la peur, sois à ce que tu penses !

La porte ! La ferme !

 
Plutôt crever, rien ne le faisait flipper plus qu’une porte entrouverte, non rien, il s'attendait toujours à voir débouler la moitié de tous les abus.
Et puis, en toute indignation, une porte entrouverte, c’est une demi-mesure, à la limite de la confusion : tu fais comment en suivant ton manuel d’espion page 26 pour y écouter tranquillement le chant des termites ?
Car ça, personne n’en parle jamais ! Déjà que les murs ont des oreilles. On se sent assez peu en sécurité finalement. 
Et pas soutenu.

Dans sa bulle, sa possible geôle (car il faisait si sombre), il était retenu.

Par qui ? Pourquoi ? Par quels porte-flingues ? Oh, que ne l’avaient-ils pas mis à la porte ? 
Son séjour se prolongeait, sans carte, et il avait perdu la notion du temps. 
Fini le fameux midi à sa porte. 
Et plus que son cÅ“ur, les portes battaient en lui, cadence infernale, obsession, et il se déplaçait par la pensée, un véritable porte-à-porte mental qui -espérait-il- le conduirait à la porte de secours, celle où l’on crie en urgence « y a quelqu’un ? »

… enfin pas trop fort sinon ils vont te repérer.

Présentement, il se sentait coincé derrière une porte de frigo, il claquait des dents autant qu’une porte mal fermée soumise aux courants d’air et cette idée paradoxalement le remplissait d’espoir, à défaut d’enfoncer des portes ouvertes : n’est pas ainsi qu’un passage se crée ?

Lui l’espion qui ne venait et n’allait plus nulle part, qui végétait derrière sa porte de bois, ce qu’il se promettait sans détour, ce qu’il voulait le plus au monde était de balayer devant sa porte.

Juste de l’autre côté. 
 
Dehors ?

 

 

16 commentaires:

  1. Complexité du porte-à-faux. Sans parler de sortir par la fenêtre.

    RépondreSupprimer
  2. Un texte au goût du jour ou plutôt dans l'air du temps. J'ai presque envie de vous voler tous ces mots-là - la porte, la clé, le porte-malheur,la peur, la geôle, le porte flingues, obsession, l'espion, dehors - sans oublier la dernière expression, drôle : "la porte ! la ferme !

    RépondreSupprimer
  3. J'ai bien connu un Portejoie, ce n'était pas un chanteur populaire, non, c'était mon propriétaire. Il portait beau, et aussi des chapeaux.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec un nom pareil, pas des chapeaux à rabat, souhaitons-le !

      Supprimer
  4. Un texte degondè.. Bientôt en tête de gondole?

    RépondreSupprimer
  5. Allez, c'est ma tournée : porter ou porto pour tout le monde !
    Taulière derrière le bar (juste devant la porte du fond)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ok, c'est bien noté et pas besoin de porte-voix !
      ;-)

      Supprimer
  6. C'est vrai, c'est qui qui soutient le chant des thermites ? Tout cela porte à réfléchir...

    RépondreSupprimer

Flash info

    Mise à jour  après une pause de trois mois, un nouveau blog  TEXTURES a démarré le 18 mai 2022. Ici.